La façon de préparer le thé et de le boire est très variable selon les lieux, villes ou pays (Le thé de cinq heure à Londres, les trois thés des nomades du désert, le thé vert à la menthe au Maroc,Matcha en poudre au Japon, le Matcha en poudreau Japon, le Chai en Inde, utilisation d’un samovar en Russie et en Turquie, etc.).
En Chine, on boit du thé depuis plus de 2.000 ans, il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les traditions qui y sont liées soient extrêmement variées d’une région ou parfois même d’une ville à l’autre.
Dans cet article, je voudrais vous présenter le Zao Cha (le thé du matin des Cantonais), les fameux dim sum et les salons de thé de Canton (Guangzhou en mandarin), la capitale de la province du Guangdong.
Le thé du matin, plus qu’une tradition, un art de vivre à la Cantonaise.
Pour se saluer, les Cantonais disent « Yǐn zuǒ chá Wei » qui signifie :
Avez-vous bu votre thé du matin ?
En effet, à Canton, tout le monde, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, va boire le thé du matin dans son salon de thé habituel, seul ou entre amis. Pour les Cantonais, boire du thé le matin est une habitude enracinée dans la vie quotidienne et aussi un moyen important de la communication sociale.
Le thé consommé est généralement un thé local de la famille des WuLong comme le FengHuang DanCong, le Tie Guan Yin produit dans la région voisine du Fujian ou bien un Pu’Er , un thé du Yunnan que les aficionados aiment préparer dans une mini théière de Xixing.
Mais quel que soit le thé, il est toujours accompagné des fameux dim sum.
Les fameux dim sum.
À Canton, boire du thé rime avec déguster de délicats dimsum (Diǎnxīn en mandarin), de petits mets sucrés ou salés servis dans les salons de thé.
La pose thé peut donc tout à fait faire office selon l’heure, du petit déjeuner, du déjeuner, du gouter ou du diner.
Lorsque les Chinois parlent des dim sum, il y a un proverbe ou plus exactement un ChengYu qui revient régulièrement : Yī zhōng liǎ jiàn : Un Zhong (une tasse de thé) et deux paniers (donc deux dim sum différents).
En effet, la grande majorité des dim sum sont cuits à la vapeur et encore aujourd’hui dans les traditionnels paniers en bambou
Les plus connus en France sont les raviolis de crevettes (Ha kao) ou de porc (Sui mai) et les petits pains farcis (Bao zi).
Toutefois, à Canton, on trouve également des dim sum frits comme des rouleaux (Chuan juan) qui ressemblent aux Nem vietnamiens , des soups (Tang) et tout un assortiment de petits gâteaux divers et variés comme les Mati gao.
Les salons de thé de Canton.
Les premiers établissements où l’on peut se restaurer et boire du thé sont apparus à Canton sous le règne de l’empereur Tongzhi (1861-1875 EC ; dynastie Qing) qui voit la ville se développer.
Ils portent le nom de « Er Li Guan », Er est le chiffre 2, Li est une ancienne unité monétaire chinoise et Guan signifie « hôtel, maison, restaurant » soit « maison à deux sous » car il s’agissait d’établissements populaires et très bon marché où les travailleurs les plus modestes pouvaient prendre leur petit déjeuné et boire un thé pour deux piécettes. Il ne s’agit pas encore de maison de thé mais déjà à l’époque, les premiers clients y venaient tôt le matin, avant leur longue journée de travail.
Pendant le règne de l’empereur Guangxu (1875-1908 EC ; dynastie Qing), Canton prospère et les premières véritables maisons de thé font leur apparition.
Il s’agissait généralement de bâtiments comportant deux ou trois étages à étages.
Certaines maisons de thé cantonaises comme le célèbre Tao Tao Ju ont traversé le 20ème siècle et sont devenus des établissements luxueusement décolorés faisant partie des hauts lieux touristiques de Canton.
Si vous visitez Canton et souhaitez tester le thé du matin (Zao Cha) dans une maison de thé, je vous conseille d’arriver de bonne heure si vous ne voulez pas avoir à partager votre table avec des touristes bruyants.